THE STRANGLERS  Dark Matters

Je n’ai pas vraiment d’excuses pour être resté silencieux depuis des mois. Faute sans doute à un manque de révélations musicales, du fait à un contexte pandémique inédit, je n’ai pas eu vraiment envie de signaler et de décrire quelques bons albums…Jusqu’à cet album des Stranglers.

Je n’ai jamais été un fan transi du groupe, mais je n’ai jamais été loin non plus. Très respectueux de leurs 13 premières années (punk puis new wave puis rock), j’avoue avoir pris quelques distances par la suite, sans doute avec le départ de Hugh Cornwell, mais aussi la moindre implication de JJ Burnel et de Dave Greenfield dans les œuvres qui ont suivies.

J’espère ne pas chroniquer le dernier album de ce groupe mythique, malgré les signes annonciateurs comme la disparition de Dave (en 2020) et la promesse de Jean Jacques de mettre un terme à la formation s’il restait l’unique survivant.

 

Cet album est bon, il n’y a pas de discussions possibles.

DarkMatters est un album qui a une pochette inspirée, mais surtout un éventail musical large, qui est un étalage de tout ce qu’ils savent faire, avec qualité (ils ont toujours été techniquement au-dessus de la moyenne).

 

Dès les deux premiers morceaux « Water » et « This Song », on est en territoire connu certes, mais avec du punch et une envie folle de taper du pied, emballé par le jeu de basse de JJ, les volutes synthétiques de Dave….Que du bonheur !

Forte amitié aidante, le groupe rend hommage à Dave qui aura participé à huit morceaux avant de décéder. « And If You Should See Dave » très pop américaine est une mélodie qui ne lui aurait pas déplu, et une petite phrase dans le texte est une dédicace marquée.

« If Something’sGonna Kill Me » est carrément envoutant avec une débauche de cuivres riches sur fond synthétique très eighties.

 

« No Man’s Land » avec son intro concassé et « Payday » auraient pu figurer dans leurs premiers albums avec leurs fougues et leurs non-conformismes. « The Lines » est beaucoup plus intimisme avec une introspection personnelle sous forme de bilan de JJ, avec un humour décalé et les mots justes, à coller à l’attachant « Down ». Le seul morceau qui me déçoit un peu est « The Last Men on the Moon » qui est trop classique et n’apporte que peu d’émotions, avant d’aborder le sommet de ce album que représente « White Stallion ».

 

Pour écouter en profondeur ce morceau et prendre toute son ampleur, je suis resté sur le bord d’une route un matin…J’y suis revenu quatre ou cinq fois d’affilée pour appréhender toutes les facettes de cette chanson qui part dans tous les sens entre synthpop, grandiloquence des vocalises, breaks inattendus et envolées de violons. Du grand art assurément !

Je ne m’attarderai pas sur le dernier morceau « Breathe » qui sonne vraiment comme un adieu définitif et qui me tord le bide à chaque fois.

 

 

Je ne ferai pas de bilan, c’est au-dessus de mes forces, car imaginer que ce soit le mot de la fin m’attriste. Les avoir vu en concert en 2018 a été un plaisir immense.