THE HORRORS  V

Il y a des groupes que l'on suit assidument et d'autres beaucoup moins. The Horrors faisait partie de la seconde catégorie, n'ayant été éveillé que par un seul album jusqu'ici "Primary Colors", mais pas jusqu'à interrompre une partie de pétanque par exemple. La sortie de quelques singles avant-coureurs de l'album avait cette fois ci attiré mon audition avec une question récurrente de type « est ce que l’album sera à la hauteur des singles ? »

Je dois bien reconnaitre qu’à l’écoute de celui-ci, la réponse qui s’impose est affirmative. Une production riche et soignée, une alchimie entre électronique et électrique savamment dosée, des textes originaux, des textures musicales très variables et travaillées, tout est réuni pour que The Horrors soit, au bout de 10 ans d’existence, reconnu comme une valeur sûre du rock anglais. Les dix titres sont disposés pour une écoute attentive, alternant puissances et passages plus calmes, morceaux plus « underground » succédant à des chansons phares et ce jusqu’au bout puisque c’est le dernier morceau qui fait une large unanimité. C’est intelligent.

Tous les écueils sont évités avec brio, que ce soit l’emphase, la prétention, la facilité et l’éparpillement. Ce groupe démontre un savoir-faire qui force le respect, trouvant un subtil équilibre qui pourrait enfin définir leur propre style.

Avec « Hologram », le ton est immédiatement donné, un son immense à large dominance électro et son beat lourd, dans lequel Faris Badwan plane avec en arrière-plan des éclairs électriques déchirant l’ensemble. « Press Enter To Exit » poursuit honorablement le chemin avec une basse baggy, tandis que se présente un titre majeur « Machine » qui était sorti très justement en single pour sa haute qualité. Avec une intro alambiquée, ce titre s’envole très haut, poussé par un déluge sonore jouissif sous influence My Bloody Valentine. « Ghost » joue l’alternance plus calme, tout en conservant une amplitude de son large et enveloppant. « Point Of No Reply » desserre un peu l’étreinte avec une mélodie bien agréable, portée par une basse ronde. « Weighed  Down » reprend le flambeau avec Faris qui nous berce de sa voix juste, avant un final bien ébouriffant à coups de guitares saturées tordues et puissantes.

Comme tout est parfaitement dosé dans cet album, « Gathering » arrive comme un nouveau souffle avec son duo de guitare bien agréable et moins d’effets dans la voix, une influence shoegaze évidentes. « World Below » déboule dans la continuité avec une association batterie basse en rouleau compresseur, ouvrant la porte à des breaks inattendus, du grand art. « It’s A Good Life » me fait bizarrement penser à du James inspiré, Faris prouvant encore une fois sa qualité de chant.

 

Que dire du dernier morceau « Something To Remember By Me » ? Sans doute un des meilleurs morceaux que j’ai écoutés cette année 2017, alors que je ne suis pas spécialement Dance Floor ! Rythme entrainant, bidouillages électro de grande classe, refrain évident.