Killing Joke Night Time

Emotivité oblige et souvenirs adolescents aidants, je tenais à faire la chronique de cet album de Killing Joke. Ce fut par cet album que j'ai découvert ce groupe, qui poursuivra bien son chemin sur d'autres territoires musicaux, radicaux il faut reconnaître... Quelle fut à l'époque ma surprise, de découvrir 8 morceaux remplis d'énergie pure, avec des paroles certes désenchantées, mais très loin des mélodies geignardes de certaines autres formations musicales de cette époque. Jaz Coleman mène la danse avec sa voix d'écorché vif, mais que dire de la batterie souvent tribale et puissante de Paul Ferguson, de la basse rigide de Paul Raven et du jeu de guitare tranchant de Geordie, rempli de chorus et de reverb. Un bien bel ensemble, en rangs serrés, souvent porté par un synthé suffisant, donnant une touche de noirceur bienvenue. Oui cet album est une pièce à l'édifice de la New Wave, mais côté énergique !
A l'époque "Love Like Blood" passait dans toutes les soirées branchées pour relever le rythme d'ailleurs, réussissant à faire gigoter le plus dépressif des "Corbeaux".
Le premier morceau "Night Time" donne vite le ton général de l'album avec cette guitare tronçonneuse, une basse implacable, la batterie en cavalcade et le chant rageur de Jaz... "Darkness" commence bizarrement avec ces voix samplées, mais se reprend vite sous l'égide d'un synthé enveloppant pendant que le travail de sape des autres instruments entraine l'auditeur vers un envol vénéneux, mais jouissif ! Que dire de "Love Like Blood" ? Le single qui tue. L'espace temps s'est déchiré pour rendre ce morceau intemporel (pour moi bien sûr). "Kings And Queens" est aussi monumental que ses prédécesseurs, avec des montées en puissance haletantes et un jeu de guitare éclairé. "Tabazan" débute aussi de manière étrange, avant de laisser la place à la guitare radicale et l'inquiétant chant envouté de Jaz. "Multitudes" est peut être le plus faibles des titres de l'album, mais contient des envolées particulièrement réussies. "Europe" est soutenu par ce synthé famélique et atteint son objectif sans mal... Le dernier morceau de cet album aura fait couler beaucoup d'encre, car on a longtemps parlé du riff de Eighties comme inspirateur de "Come As You Are" de vous savez qui. Il est rare de s'arrêter au dernier morceau d'un album mais celui-ci, avec sa rage, annonce des lendemains plus violents au niveau musical...
Cet album sent l'urgence et représente sans doute le porte d'entrée la plus aisée dans la discographie des Killing Joke. Je trouve pour ma part qu'il n'est pas trop daté car mes oreilles éprouvent toujours autant de plaisir, 23 ans plus tard...