Je caressais l’espoir depuis … 20 ans de faire un jour une chronique d’un nouvel album des Feelies. Ce groupe a toujours eu une place à part dans ma discographie, un peu décalé à cause de leur style très personnel. Leur américanité profonde avec ce mélange folk – rock mais joué souvent à grande vitesse m’a toujours plu. Avec une certaine fébrilité, je me suis donc lancé ces derniers jours à écouter les treize titres de cet album. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le nombre des années de silence a fait son travail, non pas sur le son immédiatement reconnaissable, mais sur la vitesse d’exécution des mélodies, qui s’est ralenti (c’était couru d’avance me direz vous !)

Le disque s’écoute d’une seule traite, une éventuelle bande son idéale pour un long parcours tranquille sur une route droite..(Qui a dit la route 66 ?)

Le duo Glenn Mercer / Bill Million fonctionne à merveille, proposant une palette de sons de guitares toujours complète, entre rythmiques agréables, slides discrets, soli courts et inspirés et quelques digressions bruitistes sympathiques. La basse est toujours bien présente à sa place, ronde et indispensable. Le chant timide et discret est toujours aussi touchant, soulignant l’esprit du groupe qui n’a pas changé, avec des textes personnels mis en avant.

Il est vrai que ces titres auraient pu sortir en 1992, en 1995 ou tout autre date, mais qu’importe ! On échappe à beaucoup de choses avec cet album, comme le déluge de technologie, une surproduction étouffante ou des effets soniques écœurants.

Les Feelies font du Feelies et le plaisir auditif en sort grandi.

Il est difficile de dégager un titre plutôt qu’un autre, donc je pioche un peu au hasard pour une fois. « Nobody Know » est purement « Feelien » avec ces guitares cristallines, la basse tout en touches délicates et la batterie linéaire, le final étant réservé à un solo sans graisse, « When You Know » est peut être la chanson la plus nerveuse avec ces quelques essais de bruits déjantés (mais toujours sans excès), « Here Before » est tout en grâce avec ses cœurs aériens, «Time Is Right » est beaucoup plus direct dans lequel tous les instruments font corps, « So Far » est d’une sérénité sonique qui me donne envie de méditer.

Ma seule crainte ? Que ce disque passe tout simplement inaperçu, comme ceux qui les ont précédés. Loin des modes, loin des médias, loin de toute pose qui prévaut aujourd’hui, ce groupe à l’honnêteté flagrante risque de payer encore une fois le désintérêt général.

La vie est mal faite parfois. J’espère ne pas attendre encore 20 ans pour le prochain album c’est sûr.