Trisomie 21 Black Label

Je ne croyais pas vraiment en un nouvel album d'un des groupes survivants d'une certaine new-wave froide à la sauce française... Et puis, j'ai appris cette excellente nouvelle, qui m'a donné envie de chroniquer "à chaud" et sans recul ce nouvel effort discographique des frères Lomprez. Ce qui frappe et qui démarquera cet album vis-à-vis des autres œuvres, c'est l'omniprésence des parties de guitares. Non pas que ce changement soit une révolution pour ce groupe, mais celles-ci sont bien en avant, mais avec la délicatesse de ne pas cacher ce qui fait le son Trisomie 21 : la voix décalée et désabusée, la trame froide représentée par une batterie métronomique (boite à rythmes), la basse profonde et le synthé glacé (lorsqu'il apparaît). Autant le dire de suite, ce Black Label est un bon cru, mais qui a tendance à représenter une stabilisation dans la recherche musicale. Exit donc les expérimentations bruitistes, électroniques, industrielles, de structurations, voici la place à une certaine sérénité dans le style, qui plaira sans doute aux "vieux" fans...en effet, "The Camp" démarre très fort avec parties de guitares foisonnantes et virevoltantes, le tout mettant en avant la voix remplies d'effets. "Glistering Like Gold" est nettement plus calme, presque classique avec la montée en puissance de la basse cold à souhait et des parties vocales travaillées en chœur. Le partie pris couplet/refrain est très marqué sur ce morceau plaisant. Les guitares sales sont tout aussi présentes et prégnantes dans les deux morceaux suivants que sont "One Minute In The Dream World" et "Shakespeare". Ce dernier est particulièrement convaincant avec des rotations d'effets en arrière plan très imaginatifs. "Half A Drop" revient quelque peu aux anciennes recettes du groupe avec ce synthé rempli de grâce. "Hear Me Now" suit une logique aussi déjà entendue, avec ces boucles électroniques s'entrechoquant avec la linéarité de la guitare noisy et ce, pour notre plus grand bonheur, pour un décollage en apesanteur. "Sadness Forces" dégage une puissance tellurique marquée par une bataille féroce entre guitares plombées et synthé agonisant. "Shadows Army" est de même acabit que son prédécesseur, avec des montées en puissance extraordinaires et évidentes. "Angels Of Rain" est un peu moins inspiré, mais est vite rattrapé par un très abouti "Outside The Door" aux guitares curesques...L'album se clôt sur le très vaporeux "The Lined Hands Of Afternoon" qui serait un cran en dessous du reste. L'impression générale est très bonne et ces onze titres s'écoutent facilement. La réécoute de ceux-ci permet d'apprécier le travail très précis sur le son, une nouvelle fois, bien au dessus de la moyenne. Je laisserais à certains l'écoute des remixes, dont je ne suis pas fan.
Le précédent album ouvrait un chapitre nouveau pour les Trisomie 21, en tentant de faire de la synthèse d'une musique sombre avec certains cotés plus accessibles venant du rock, voire de la pop. Franchement la réussite est au rendez vous, même si cela va passer encore une fois inaperçu. Qu'importe pour le grand public, qui en est encore à blablater sur le nom du groupe après 29 ans d'existence, de mon coté, je conserve ce groupe comme un trésor. Mes oreilles ne sont pas prêtes de souffler...Je regrette les rumeurs qui annoncent ce Black Label comme étant le dernier album que ce groupe fera. Trisomie 21 a encore beaucoup à nous apporter.