Throwing Muses The Real Ramona

Il est des albums que l'on prend plaisir à réécouter, comme on peut apprécier un bon vin qui, avec les années, se bonifie. Cet album des Throwing Muses fait partie de cette catégorie, bien en avance sur son temps et qui chatouille agréablement les oreilles, avec des chansons aux constructions originales, des textures musicales variées et dans lequel l'auditeur est conduit à découvrir chaque recoin.
Ce groupe est la somme de talent de ses membres, au point d'avoir influencé bon nombre de groupes américains, décomplexés d'autres et ouvert la voie à un rock indé ou l'imagination règne. Aucune démarche commerciale ne se fait sentir et la présence de ce groupe chez 4AD, gage d'authenticité et de qualité qui m'a permis en 1991 d'acheter ce CD. Il est en bonne place dans mon top albums de tous les temps. La palette musicale s'étire du rock nerveux des Pixies voisins jusqu'aux mélodies suaves d'une pop aérienne de qualité. Pas une chanson n'est à jeter et retient l'attention. On sent un équilibre parfait dans le jeu varié des guitares, une rythmique dosée et un chant ouvert.
Tanya Donelly et Kristin Hersch apportent une pierre essentielle à l'édifice musical et on ne mesure pas encore aujourd'hui la portée de leur œuvre (pour moi) majeure. L'entrainant "Counting Backwards" ouvre merveilleusement cet album avec une rythmique solide et des chœurs angéliques, suivi par "Him Dancing" aux guitares virevoltantes. "Red Shoes", plus calme, est portée par une basse élastique et des changements de rythmes agréables, "Graffiti" est sans doute une des chansons que je préfère, résumant la facilité des deux femmes à trouver un équilibre entre douceur et énergie. Cette dernière est encore plus marquée pour "Golden Thing" qui s'arrache sur une rythmique endiablée et des sonorités de guitares rageuses. "Ellen West" est dans la même veine et on s'attarde sur le jeu de basse tout en finesse, répondant aux guitares fougueuses . "Dylan" est nettement plus vaporeux, une parenthèse aérienne salvatrice pour mieux rebondir sur "Hook In Her Head" et sa batterie plus martiale. La fin du morceau est dantesque dans un déluge de guitares acérées, de chant désabusé et de dérapages noisy plus ou moins contrôlés. "Not Too Soon" est plus classique et rappelle certains aspects pixiens au niveau mélodique. "Honeychain" démarre doucement comme un chuchotement avant de s'envoler sur un lit de guitare langoureux. "Say Goodbye" est plus urbain, une chanson pop parfaite. Cet album se clôt avec grâce et volupté avec "Two Steps", à la douceur angélique... Comment ? J'ai parlé des 12 compositions ? Certainement que cet album le mérite, tout simplement. Intemporel ? Certainement.