The Mission God's Own Medicine

J'avais découvert simultanément à l'époque les Sisters Of Mercy et The Mission, dans les années 80, sans trop connaître les rapports entre ces deux formations, y compris les conflits. Mais aujourd'hui, avec le recul, je dois reconnaître que cet album de The Mission était une véritable bombe et, dans le genre, reste inégalé. En effet, sur des bases gothiques, voilà Wayne Hussey et ses acolytes en train d'introduire le lyrisme zepellinien, un coté power flower inattendu, des sonorités orientales, voire des instruments classiques. All About Eve tentera cette ouverture aussi, mais avec moins de succès avant de rentrer dans le rang. Ces ajouts ont pu en rebuter plus d'un, mais je dois avouer que The Mission a tenté d'ouvrir sa musique en prenant beaucoup de monde à contre-pied. On peut discuter longtemps de la descente progressive de niveau au cours des années 90, mais l'idée première était géniale. Les atouts ne manquaient pas : la voix de Wayne est immédiatement identifiable, lyrique à souhaits, son jeu de guitare 12 cordes est scintillant. Le jeu de guitare de Simon Hinkler est soit très aérien soit très lourd, mais de haut niveau. Le jeu de basse de Craig Adams est sobre, juste et efficace. Quant à la batterie, tenue par Mick Brown, elle est puissante et soutient avec force toutes les mélodies. Les titres les plus efficaces restent gravés dans le marbre, avec en particulier "Wasteland" qui donne le ton, "Garden Of Delight" classique, "Stay With Me" déchirant, le puissant "Sacrilège", le tubesque "Severina". J'avoue avoir du mal à trouver un morceau faible dans cet album très ramassé autour de ce concept de musique. On a parlé de groupes aux membres ambitieux et j'ai du mal à le croire. J'ai toujours pris Wayne et ses amis comme des illuminés, sans concessions aucune, à la recherche du Saint Graal musical. Une telle démarche me plait et a fait de cet album une pierre angulaire de ma discothèque.